SERVEUR est projet de recherche financé par la Région Centre-Val de Loire (2012-2017). Il ambitionne d’identifier les bienfaits et les retombées qu’apportent les espaces non imperméabilisés urbains aussi bien pour la population que pour les collectivités. Le travail se focalisera en priorité sur les bois urbains, les jardins ouvriers et les parcs d’agréments, trois types d’espaces verts sur lesquels l’équipe du projet mobilise une forte expérience. Le mélange structure-processus-fonction des écosystèmes, dans notre cas : certains espaces verts urbains, est à l’origine des services qui fournissent des bienfaits. Ce sont les caractéristiques biotiques et abiotiques des écosystèmes qui assurent la réalisation des fonctions écologiques. Ces fonctions sont à l’origine des services écosystémiques, dont l’homme peut tirer des bénéfices directs ou indirects, des biens produits, utilisés et consommés et ayant une valeur économique et/ou sociale pour les sociétés humaines. Depuis peu, une façon de légitimer, de protéger et d’améliorer la gestion des espaces verts en ville est d’évaluer et d’apprécier qualitativement ou quantitativement les aménités et bienfaits que de tels objets rendent aux citoyens, aux collectivités et à la société. L’évaluation exhaustive est impossible ; elle est rarement effectuée et très complexe. Cependant, nous proposons de réaliser une étude poussée sur deux des quatre grandes catégories des services écosystémiques que dégage l’étude TEEB (De Groot et al., 2002 ; MEA, 2005), à savoir les services d’approvisionnement et les services culturels. Les 6 chefs-lieux de département de la région seront les terrains d’expérimentation de cette recherche, auxquels seront associés 2 autres villes référentes : Hanovre (Allemagne) et Cáceres (Espagne) sur lesquelles nos partenaires ont déjà engagés des travaux dans le droit fil de SERVEUR.
Cette recherche a l’ambition d’être une « réelle » recherche-action : à toutes les étapes de sa construction et de sa réalisation, elle associe les villes partenaires par l’entremise de ses principaux acteurs. Ainsi dès l’annonce de la pré-sélection du projet SERVEUR, une réunion avec les principaux représentants des six villes partenaires a-t-elle été organisée (avril 2012) afin, à la fois, d’informer ceux-ci de l’avancée du projet, d’en finaliser la construction et surtout de prendre en compte leurs remarques, avis, souhaits très en amont. Ce type de rencontre (chercheurs-praticiens) sera régulier pendant le déroulement du projet, d’où l’association des six villes à toutes les tâches de SERVEUR.
Sur le plan thématique, il est maintenant admis que le mélange structure-processus-fonction des écosystèmes naturels ou modifiés dans la ville et ses pourtours est à l’origine de services qui fournissent des bienfaits/bien-être pour les groupes humains.
Il s’agit donc d’apprécier au plus juste ce que les espaces verts urbains ont/font d’« utile », c’est-à-dire leur capacité à augmenter le bien-être humain directement ou indirectement. Par exemple, des études récentes internationales attestent que la fréquentation des espaces verts, et parfois leur seule proximité, assure une sensation de bien-être (moindre stress, possibilité de détente…) et fournit des effets positifs sur la santé des citadins (diminution des risques cardio-vasculaires). A côté de ces valeurs d’agrément ou thérapeutique, la littérature internationale en signale d’autres : valeurs d’héritage, existentielle ou encore spirituelle. Ce projet ambitionne, dans un contexte urbain de réaliser une étude poussée sur trois types d’espaces non bâtis (privés comme publics) : les parcs forestiers/forêts urbaines/périurbaines, les jardins ouvriers/familiaux et les jardins centraux des villes, permettant de répondre à cette problématique et d’en déduire un outil pratique.
Sur le plan thématique, il est maintenant admis que le mélange structure-processus-fonction des écosystèmes naturels ou modifiés dans la ville et ses pourtours est à l’origine de services qui fournissent des bienfaits/bien-être pour les groupes humains.
Il s’agit donc d’apprécier au plus juste ce que les espaces verts urbains ont/font d’« utile », c’est-à-dire leur capacité à augmenter le bien-être humain directement ou indirectement. Par exemple, des études récentes internationales attestent que la fréquentation des espaces verts, et parfois leur seule proximité, assure une sensation de bien-être (moindre stress, possibilité de détente…) et fournit des effets positifs sur la santé des citadins (diminution des risques cardio-vasculaires). A côté de ces valeurs d’agrément ou thérapeutique, la littérature internationale en signale d’autres : valeurs d’héritage, existentielle ou encore spirituelle. Ce projet ambitionne, dans un contexte urbain de réaliser une étude poussée sur trois types d’espaces non bâtis (privés comme publics) : les parcs forestiers/forêts urbaines/périurbaines, les jardins ouvriers/familiaux et les jardins centraux des villes, permettant de répondre à cette problématique et d’en déduire un outil pratique.
- Structuration du projet
Trois temps de recherches vont en conséquence structurer le projet SERVEUR.
Ils s’organiseront suivant le planning suivant : voir le schéma d’organisation.
1- Identification et caractérisation des espaces en question et des bénéficiaires associés
(Tâche 2).Après une caractérisation des trois types d’espace vert retenus, quelques cas seront choisis pour une analyse plus fine en croisant des critères (géographiques), de fréquentation, de diversité biologique et de structure paysagère, d’insertion dans la trame urbaine (le type de quartier, son positionnement central ou périphérique…). Seront également pris en compte les dires d’experts, c’est-à-dire la demande des services municipaux. SERVEUR s’intéressera aussi bien à des personnes physiques (usagers de ces espaces, particuliers etc.) que morales (les collectivités, les associations, etc.). Il s’agit aussi de caractériser les bénéficiaires à l’échelle du jardin/parc/bois (grande échelle), du quartier (échelle moyenne) ainsi que de la ville (petite échelle, morphologie urbaine). Comme dans le point précédent, quelques individus seront sélectionnés en fonction de plusieurs critères (personne physique ou morale, géographiques, sociaux, etc.) et dires d’experts.
Ce premier temps se fera de concert avec toute l’équipe du projet pour être certain que les cas retenus sont pertinents à tous les niveaux des champs scientifiques de SERVEUR tout en ayant un intérêt pour les villes partenaires.
Ce premier temps se fera de concert avec toute l’équipe du projet pour être certain que les cas retenus sont pertinents à tous les niveaux des champs scientifiques de SERVEUR tout en ayant un intérêt pour les villes partenaires.
2- Identification et caractérisation des services
(Tâche 3).C’est l’une des actions les plus ambitieuses et originales du projet SERVEUR : cerner les fonctions socio-économiques de ces différents types d’espaces verts, mais aussi leurs caractéristiques écologiques. Dans un premier temps, seront identifiés précisément les services écosystémiques dans les deux champs retenues (services d’approvisionnement et services culturels), des services qui seront décortiqués finement par la suite selon des entrées environnementales et économiques. Les considérations sociales et sociologiques viendront questionner ces deux entrées pour réellement aboutir à l’identification et à la caractérisation des services écosystémiques.
L’identification de ces services, jamais réalisé dans un contexte urbain, se fera grâce à la translation aux cas précis de nos villes de la nombreuse bibliographie sur les SES et la biodiversité. Ici aussi, la connaissance fine du terrain par les services municipaux sera essentielle.
La recherche se fera d’une part par(I) l’entrée environnementale, notamment par l’étude de la biodiversité des espaces sélectionnés et aussi par l’analyse de la dynamique de la matière dans le sol avec laquelle elle est fortement corrélée.
Les actions sur la biodiversité portent sur le végétal : analyse du nombre d’espèces, de la composition floristique et physionomique, de la rareté, de la fragmentation… afin de tenter de montrer quelle est la performance environnementale du patrimoine « semi-naturel » et domestiqué ; et sur l’animal à travers l’étude des arthropodes comme indicateur de durabilité. Cette catégorie représente un maillon essentiel de la chaîne alimentaire animale. Si la biodiversité végétale s’observe assez facilement, la biodiversité animale concernant les insectes (représentant de loin le plus grand groupe du règne animal) est souvent difficile à appréhender. Pourtant ils ont aussi une importance écologique capitale tant au niveau des autres animaux qu’au niveau des végétaux (sans les pollinisateurs, la plupart des végétaux à fleurs disparaîtraient). La présence de ces arthropodes est donc corrélée à la biodiversité végétale et les deux fortement dépendantes de la gestion des milieux. L’étude de cette biodiversité reflètera l’utilisation des moyens mis en œuvre dans ces espaces par exemple pour l’entretien, le désherbage, les traitements phytosanitaires, les intrants chimiques ou organiques, le paillage, la fauche tardive, etc. Elle permettra également une analyse de l’équilibre biologique et de l’influence de certaines caractéristiques paysagères sur la dynamique des populations de bio agresseurs et la biodiversité fonctionnelle. L’objectif est également de pouvoir proposer des aménagements du paysage optimisant l’intensification écologique
La qualité du sol est fortement lié à la biodiversité végétale et animale, les feuilles et les déjections animales entrent immédiatement dans la dynamique du carbone du sol et permettent un équilibre entre la biodiversité et la qualité du sol garant de la santé des écosystèmes. Celle ci sera appréhendée à travers l’étude de la dynamique de la matière organique et des cycles biogéochimiques des macro et micronutriments. La première de nos démarches réside dans l’observation dans le milieu naturel de paramètres traduisant la variabilité naturelle de l’environnement ainsi que l’impact des actions anthropiques. Dans les écosystèmes terrestres la quantité de carbone et d’éléments nutritifs (N, P, K, Ca, Na, Mg, Fe, Mn etc.) dans le sol est généralement supérieure à celle de la végétation vivante. Le taux de rotation de ces composés varie en raison de la complexité des interactions entre les facteurs biologiques, chimiques et les processus biologiques et physiques dans le sol. Il est donc important de comprendre la dynamique du carbone du sol et des éléments nutritifs ainsi que leur rôle dans l’équilibre des écosystèmes terrestres. Cette observation est supportée par des mesures in situ de paramètres pédologiques et agronomiques choisis, de façon continue et/ou ponctuelle. Quoique l’enregistrement de données et les problématiques instrumentales puissent paraître une activité technique, nous soulignons qu’elle est forcément précédée et sous-tendue par une certaine compréhension fonctionnelle du milieu, avec des relations a priori entre compartiments et conditions, qui doivent être validés et vérifiés lors des séquences d’enregistrement. En ce sens, un observatoire s’établit avant tout sur une modélisation conceptuelle du milieu.
Ce projet tient compte des problèmes profondément liés (climat, érosion, biodiversité, dégradation) qui affectent les ressources naturelles. Ceci est rendu possible par l’identification d’indicateurs locaux de la qualité des sols et du fonctionnement des biogéosystèmes que constituent les espaces verts urbains. Des méthodes simplifiées, validées et constituant une montée en généralité des analyses environnementales seront produites et elles seront un des résultats du programme. Ces méthodes procéderont de croisement entre les données d’environnement et les pratiques et usages dans les espaces verts urbains. Les jardins ouvriers par exemple, EV de type productifs dit « hybrides », généralement propriétés d’une commune donnée (ici Bourges, Châteauroux, Chartres) mais confiés à la gestion d’une association, se caractérisent par la large part accordée à la dimension productive qui peut se lire dans l’agencement spatial des parcelles. En outre, la connaissance de la biodiversité végétale et animale et des caractéristiques pédologiques y est potentiellement assez développée, les « locataires » ayant développés à priori un fort capital culturel et spatial. Par ailleurs, ces lieux peuvent apparaître comme des lieux de transmission de connaissances. Ainsi, la compréhension du « service rendu » par les jardins ouvriers interroge sur la relation qu’entretiennent les usagers avec la nature au sein de l’espace urbain. Nous pouvons dès lors nous questionner sur la production alimentaire, le bien être que représentent ces parcelles pour leurs bénéficiaires directs, à savoir les locataires ? Quel est leur motivation ? Quel type de gestion est appliqué à ces espaces (quantités, qualité des intrants), leur mode d’organisation, le fonctionnement institutionnel tant au niveau de l’association que de la mairie ? Quels sont les apports pour la commune de posséder en son sein des espaces verts « urbains » ?
D’autre part par (II) l’entrée économique en tant qu’évaluation environnementale qui consiste à donner une valeur monétaire à une amélioration/dégradation de la qualité de l’environnement. Cette évaluation est nécessaire dans la mesure où les bénéfices des politiques environnementales sont souvent très difficiles à calculer pour la simple raison qu’un grand nombre de ces bénéfices ne sont pas pris en compte dans les biens et les services marchands. Comparativement les coûts de la protection de l’environnement sont, au moins en principe, plus faciles à identifier dès lors que l’on connaît les coûts d’une réglementation associée à des normes réglementaires, aux taxes ou autres mesures publiques qui peuvent être, dans le cas qui nous intéresse ici par exemple, des interventions directes des services de l’État sur les espaces publics et leurs aménagements.
Les difficultés pour réaliser une analyse coûts/bénéfices reposent essentiellement sur la largeur du spectre des données nécessaires et la hauteur de ce spectre en termes de qualité ou fiabilité des informations disponibles. Pour des espaces verts par exemple, une liste non exhaustive irait de la valeur actuelle moyenne de la biodiversité sur un territoire, à la valorisation des ressources existantes pour le tourisme, en passant par la perte de valeur due à des pollutions (de toutes sortes) ou des phénomènes de congestion. On devrait également ajouter les coûts fixes et variables de l’aménagement de ces espaces, le taux d’actualisation à utiliser mais aussi prendre en compte les coûts d’opportunité liés au renoncement, plus ou moins irréversible, de tout autre usage alternatif autre que celui auquel un espace donné est destiné a priori. La question de la mesure des bénéfices est donc cruciale dans une approche normative permettant de sélectionner les politiques publiques qui sont socialement efficaces, c’est-à-dire celles qui maximisent le bénéfice net de l’ensemble des membres de la société. C’est ici que va insister le projet SERVEUR.
Le gain d’un individu relatif à un changement de politique publique peut être mesuré par le montant maximum de bien ou de services (c’est-à-dire de revenu) qu’il est prêt à payer pour obtenir ce changement. Ce montant est appelé consentement à payer traduisant l’équivalent monétaire du changement de l’utilité de l’individu. L’agrégation individuelle de ces dispositions à payer permet de calculer le bénéfice pour les acteurs concernés par la politique publique
Deux méthodes vont être testées pour mesurer ces dispositions à payer, l’une indirecte par les préférences révélées, l’autre directe par les préférences annoncées. Si la première s’appuie sur les décisions réelles prises par les individus, la seconde au contraire s’appuie sur des enquêtes et nécessite des évaluations contingentes, c’est-à-dire vis-à-vis d’un marché hypothétique. Les travaux récents dans ce domaine montrent que les économistes ont trop souvent négligé la différence entre le montant maximum qu’un individu est prêt à payer pour une amélioration (ou éviter une dégradation), autrement dit leur disposition à payer, et le montant minimum qu’un individu est prêt à recevoir pour ne pas bénéficier d’une amélioration (ou accepter une dégradation), autrement dit le consentement à accepter. La mise en évidence de cette différence nous semble cruciale dans ce projet. Elle provient du fait que la valeur accordée par les individus peut dépendre du point de référence implicitement choisi qui peut être soit la situation actuelle soit la situation après un changement.
Sur le plan méthodologique, durant ce temps de la recherche, seront croisées les méthodes de sciences physiques (analyse d’échantillon de sol en laboratoire), d’écologie (relevé d’espèces animales et végétales), de science économiques (analyses statistiques pour le croisement des données) et de sciences sociales (enquêtes et entretiens). Par type d’espace vert et/ou service écosystémique, un protocole méthodologique unique hybridant toutes les approches disciplinaire sera élaboré afin de décloisonner la rechercher et optimiser les moyens matériels (minimiser les coûts de déplacement) et humains (éviter la multiplication des sollicitations de nos interlocuteurs). La caractérisation des services écosystémiques débouchera sur la proposition de différents indicateurs qui seront mobilisé dans le troisième temps de la recherche
L’identification de ces services, jamais réalisé dans un contexte urbain, se fera grâce à la translation aux cas précis de nos villes de la nombreuse bibliographie sur les SES et la biodiversité. Ici aussi, la connaissance fine du terrain par les services municipaux sera essentielle.
La recherche se fera d’une part par(I) l’entrée environnementale, notamment par l’étude de la biodiversité des espaces sélectionnés et aussi par l’analyse de la dynamique de la matière dans le sol avec laquelle elle est fortement corrélée.
Les actions sur la biodiversité portent sur le végétal : analyse du nombre d’espèces, de la composition floristique et physionomique, de la rareté, de la fragmentation… afin de tenter de montrer quelle est la performance environnementale du patrimoine « semi-naturel » et domestiqué ; et sur l’animal à travers l’étude des arthropodes comme indicateur de durabilité. Cette catégorie représente un maillon essentiel de la chaîne alimentaire animale. Si la biodiversité végétale s’observe assez facilement, la biodiversité animale concernant les insectes (représentant de loin le plus grand groupe du règne animal) est souvent difficile à appréhender. Pourtant ils ont aussi une importance écologique capitale tant au niveau des autres animaux qu’au niveau des végétaux (sans les pollinisateurs, la plupart des végétaux à fleurs disparaîtraient). La présence de ces arthropodes est donc corrélée à la biodiversité végétale et les deux fortement dépendantes de la gestion des milieux. L’étude de cette biodiversité reflètera l’utilisation des moyens mis en œuvre dans ces espaces par exemple pour l’entretien, le désherbage, les traitements phytosanitaires, les intrants chimiques ou organiques, le paillage, la fauche tardive, etc. Elle permettra également une analyse de l’équilibre biologique et de l’influence de certaines caractéristiques paysagères sur la dynamique des populations de bio agresseurs et la biodiversité fonctionnelle. L’objectif est également de pouvoir proposer des aménagements du paysage optimisant l’intensification écologique
La qualité du sol est fortement lié à la biodiversité végétale et animale, les feuilles et les déjections animales entrent immédiatement dans la dynamique du carbone du sol et permettent un équilibre entre la biodiversité et la qualité du sol garant de la santé des écosystèmes. Celle ci sera appréhendée à travers l’étude de la dynamique de la matière organique et des cycles biogéochimiques des macro et micronutriments. La première de nos démarches réside dans l’observation dans le milieu naturel de paramètres traduisant la variabilité naturelle de l’environnement ainsi que l’impact des actions anthropiques. Dans les écosystèmes terrestres la quantité de carbone et d’éléments nutritifs (N, P, K, Ca, Na, Mg, Fe, Mn etc.) dans le sol est généralement supérieure à celle de la végétation vivante. Le taux de rotation de ces composés varie en raison de la complexité des interactions entre les facteurs biologiques, chimiques et les processus biologiques et physiques dans le sol. Il est donc important de comprendre la dynamique du carbone du sol et des éléments nutritifs ainsi que leur rôle dans l’équilibre des écosystèmes terrestres. Cette observation est supportée par des mesures in situ de paramètres pédologiques et agronomiques choisis, de façon continue et/ou ponctuelle. Quoique l’enregistrement de données et les problématiques instrumentales puissent paraître une activité technique, nous soulignons qu’elle est forcément précédée et sous-tendue par une certaine compréhension fonctionnelle du milieu, avec des relations a priori entre compartiments et conditions, qui doivent être validés et vérifiés lors des séquences d’enregistrement. En ce sens, un observatoire s’établit avant tout sur une modélisation conceptuelle du milieu.
Ce projet tient compte des problèmes profondément liés (climat, érosion, biodiversité, dégradation) qui affectent les ressources naturelles. Ceci est rendu possible par l’identification d’indicateurs locaux de la qualité des sols et du fonctionnement des biogéosystèmes que constituent les espaces verts urbains. Des méthodes simplifiées, validées et constituant une montée en généralité des analyses environnementales seront produites et elles seront un des résultats du programme. Ces méthodes procéderont de croisement entre les données d’environnement et les pratiques et usages dans les espaces verts urbains. Les jardins ouvriers par exemple, EV de type productifs dit « hybrides », généralement propriétés d’une commune donnée (ici Bourges, Châteauroux, Chartres) mais confiés à la gestion d’une association, se caractérisent par la large part accordée à la dimension productive qui peut se lire dans l’agencement spatial des parcelles. En outre, la connaissance de la biodiversité végétale et animale et des caractéristiques pédologiques y est potentiellement assez développée, les « locataires » ayant développés à priori un fort capital culturel et spatial. Par ailleurs, ces lieux peuvent apparaître comme des lieux de transmission de connaissances. Ainsi, la compréhension du « service rendu » par les jardins ouvriers interroge sur la relation qu’entretiennent les usagers avec la nature au sein de l’espace urbain. Nous pouvons dès lors nous questionner sur la production alimentaire, le bien être que représentent ces parcelles pour leurs bénéficiaires directs, à savoir les locataires ? Quel est leur motivation ? Quel type de gestion est appliqué à ces espaces (quantités, qualité des intrants), leur mode d’organisation, le fonctionnement institutionnel tant au niveau de l’association que de la mairie ? Quels sont les apports pour la commune de posséder en son sein des espaces verts « urbains » ?
D’autre part par (II) l’entrée économique en tant qu’évaluation environnementale qui consiste à donner une valeur monétaire à une amélioration/dégradation de la qualité de l’environnement. Cette évaluation est nécessaire dans la mesure où les bénéfices des politiques environnementales sont souvent très difficiles à calculer pour la simple raison qu’un grand nombre de ces bénéfices ne sont pas pris en compte dans les biens et les services marchands. Comparativement les coûts de la protection de l’environnement sont, au moins en principe, plus faciles à identifier dès lors que l’on connaît les coûts d’une réglementation associée à des normes réglementaires, aux taxes ou autres mesures publiques qui peuvent être, dans le cas qui nous intéresse ici par exemple, des interventions directes des services de l’État sur les espaces publics et leurs aménagements.
Les difficultés pour réaliser une analyse coûts/bénéfices reposent essentiellement sur la largeur du spectre des données nécessaires et la hauteur de ce spectre en termes de qualité ou fiabilité des informations disponibles. Pour des espaces verts par exemple, une liste non exhaustive irait de la valeur actuelle moyenne de la biodiversité sur un territoire, à la valorisation des ressources existantes pour le tourisme, en passant par la perte de valeur due à des pollutions (de toutes sortes) ou des phénomènes de congestion. On devrait également ajouter les coûts fixes et variables de l’aménagement de ces espaces, le taux d’actualisation à utiliser mais aussi prendre en compte les coûts d’opportunité liés au renoncement, plus ou moins irréversible, de tout autre usage alternatif autre que celui auquel un espace donné est destiné a priori. La question de la mesure des bénéfices est donc cruciale dans une approche normative permettant de sélectionner les politiques publiques qui sont socialement efficaces, c’est-à-dire celles qui maximisent le bénéfice net de l’ensemble des membres de la société. C’est ici que va insister le projet SERVEUR.
Le gain d’un individu relatif à un changement de politique publique peut être mesuré par le montant maximum de bien ou de services (c’est-à-dire de revenu) qu’il est prêt à payer pour obtenir ce changement. Ce montant est appelé consentement à payer traduisant l’équivalent monétaire du changement de l’utilité de l’individu. L’agrégation individuelle de ces dispositions à payer permet de calculer le bénéfice pour les acteurs concernés par la politique publique
Deux méthodes vont être testées pour mesurer ces dispositions à payer, l’une indirecte par les préférences révélées, l’autre directe par les préférences annoncées. Si la première s’appuie sur les décisions réelles prises par les individus, la seconde au contraire s’appuie sur des enquêtes et nécessite des évaluations contingentes, c’est-à-dire vis-à-vis d’un marché hypothétique. Les travaux récents dans ce domaine montrent que les économistes ont trop souvent négligé la différence entre le montant maximum qu’un individu est prêt à payer pour une amélioration (ou éviter une dégradation), autrement dit leur disposition à payer, et le montant minimum qu’un individu est prêt à recevoir pour ne pas bénéficier d’une amélioration (ou accepter une dégradation), autrement dit le consentement à accepter. La mise en évidence de cette différence nous semble cruciale dans ce projet. Elle provient du fait que la valeur accordée par les individus peut dépendre du point de référence implicitement choisi qui peut être soit la situation actuelle soit la situation après un changement.
Sur le plan méthodologique, durant ce temps de la recherche, seront croisées les méthodes de sciences physiques (analyse d’échantillon de sol en laboratoire), d’écologie (relevé d’espèces animales et végétales), de science économiques (analyses statistiques pour le croisement des données) et de sciences sociales (enquêtes et entretiens). Par type d’espace vert et/ou service écosystémique, un protocole méthodologique unique hybridant toutes les approches disciplinaire sera élaboré afin de décloisonner la rechercher et optimiser les moyens matériels (minimiser les coûts de déplacement) et humains (éviter la multiplication des sollicitations de nos interlocuteurs). La caractérisation des services écosystémiques débouchera sur la proposition de différents indicateurs qui seront mobilisé dans le troisième temps de la recherche
3- Systématisation et Généricité
(Tâche 4).Le projet SERVEUR propose une systématisation et une généricité des résultats pointus de l’étape précédente en 2 volets.Un volet mathématique. L’évaluation des services écosystémiques impose la compréhension globale d’un système contenant ces différentes variables. La modélisation d’un tel système nécessite un cadre formel adapté (Z.T. Belmandt, 2011) permettant de décrire les interactions résultantes. Une approche multicritères est nécessaire ainsi que la possibilité de modéliser tous les processus de diffusion associés (diffusion de services, de bienfaits…) intervenants dans ce type de modèle. Les objets complexes en géographie sont dans l’espace euclidien usuel et concernent des entités spatiales non ponctuelles. Il s’agit donc d’analyser comment ces ensembles sont reliés à travers le ou les critères utilisés. Cela permettra, in fine, de construire des simulations afin de fournir aux pouvoirs publics un outil d’aide à la décision quant à l’impact qu’un espace vert peut avoir sur les territoires et les hommes.
Cette action du projet se découpera en plusieurs sous-tâches : dans un premier temps, nous établirons une liste des critères à prendre en compte pour la construction du modèle mathématique, et qui interviennent dans la diffusion du service que rendent les espaces verts, critères qui auront été mis en valeur lors des précédentes tâches. Une fois ces critères bien identifiés, nous formaliserons les dynamiques liées au système « espace vert ». Cela passera par une modélisation d’un espace à 2 dimensions, où un élément de cet espace peut être un espace vert, une personne ou un groupe de personnes (cela dépend de l’échelle à laquelle on se place). Les interactions entre les espaces verts et la population seront modélisées sous la forme de voisinages complexes, complexes dans le sens où plusieurs facteurs interviendront dans leurs définitions, permettant ainsi d’être plus fin dans l’analyse du comportement du système. La définition de ces voisinages sera utilisée pour la théorisation du phénomène de diffusion des services écosystémiques retenus, afin de mieux cerner la manière dont est impactée la population. La deuxième étape de cette action consistera à simuler le modèle précédemment défini. Ce travail correspond à l’élaboration d’une simulation multi-agents, permettant de suivre l’évolution du système pas à pas, et d’analyser le comportement du modèle établi. Des scénarios seront « joués » et une rétroaction entre la simulation et le modèle permettra d’affiner ce dernier, ainsi que de confirmer ou d’infirmer certaines hypothèses. Les données fournies par les partenaires des villes pilotes seront ici utilisées pour valider notre modèle et l’outil qui en découlera.Un volet juridique. L’objectif est de rechercher pour les décideurs locaux, les conditions d’une sécurité juridique optimale, (à la fois nationale et européenne) afin de prévenir au maximum tout risque de contentieux tant administratif que pénal. Une fois cette préoccupation précontentieuse assurée, il restera à trouver la meilleure efficacité juridique des supports proposés aux actions opérationnelles de gestion des espaces verts. En l’état actuel deux options se présentent : soit les actions et opérations menées pour la gestion des espaces verts relèvent des compétences des maires et présidents d’E.P.C.I. et alors, ils ont le choix entre prendre des arrêtés très hétérogènes mais adaptés au cas par cas ; soit les actions et opérations menées pour la gestion des espaces verts relèvent des compétences des maires et présidents d’E.P.C.I., mais alors dans le cadre général d’une réglementation nationale appropriée. C’est plutôt cette dernière option qui sera privilégiée dans SERVEUR avec la possibilité pour les élus d’intégrer les modalités d’une meilleure gestion de leurs EV dans le document d’urbanisme (P.L.U.), et de leurs donner une véritable force contraignante, en les intégrant aux servitudes d’utilités publiques existants qui touchent par exemple à l’eau, l’électricité, la publicité, l’assainissement, et le patrimoine historique.
Cette recherche débouchera sur des propositions d’actions possibles pour les décideurs locaux compétents. Les politiques en matière de trame verte et de réduction de la vulnérabilité qui se profilent conduiront à une refonte de la planification urbaine (document d’urbanisme) telle qu’elle se formalise dans un SCoT ou un PLU. Cette politique s’appuiera vraisemblablement sur les espaces verts et cherchera à maintenir ou développer leurs fonctions écosystémiques. SERVEUR se positionnera à ce niveau en matière de proposition. Ces préconisations, qui constituent une part importante de la plus-value du projet, devront satisfaire à la fois les exigences d’être à la mesure d’agglomérations moyennes en termes de faisabilité (techniques, financières, etc.), de respecter la liberté des élus quant aux types de mode de gestion choisis et d’être à la portée des services locaux (techniques et sociaux) chargés de les mettre en œuvre.
Cette action du projet se découpera en plusieurs sous-tâches : dans un premier temps, nous établirons une liste des critères à prendre en compte pour la construction du modèle mathématique, et qui interviennent dans la diffusion du service que rendent les espaces verts, critères qui auront été mis en valeur lors des précédentes tâches. Une fois ces critères bien identifiés, nous formaliserons les dynamiques liées au système « espace vert ». Cela passera par une modélisation d’un espace à 2 dimensions, où un élément de cet espace peut être un espace vert, une personne ou un groupe de personnes (cela dépend de l’échelle à laquelle on se place). Les interactions entre les espaces verts et la population seront modélisées sous la forme de voisinages complexes, complexes dans le sens où plusieurs facteurs interviendront dans leurs définitions, permettant ainsi d’être plus fin dans l’analyse du comportement du système. La définition de ces voisinages sera utilisée pour la théorisation du phénomène de diffusion des services écosystémiques retenus, afin de mieux cerner la manière dont est impactée la population. La deuxième étape de cette action consistera à simuler le modèle précédemment défini. Ce travail correspond à l’élaboration d’une simulation multi-agents, permettant de suivre l’évolution du système pas à pas, et d’analyser le comportement du modèle établi. Des scénarios seront « joués » et une rétroaction entre la simulation et le modèle permettra d’affiner ce dernier, ainsi que de confirmer ou d’infirmer certaines hypothèses. Les données fournies par les partenaires des villes pilotes seront ici utilisées pour valider notre modèle et l’outil qui en découlera.Un volet juridique. L’objectif est de rechercher pour les décideurs locaux, les conditions d’une sécurité juridique optimale, (à la fois nationale et européenne) afin de prévenir au maximum tout risque de contentieux tant administratif que pénal. Une fois cette préoccupation précontentieuse assurée, il restera à trouver la meilleure efficacité juridique des supports proposés aux actions opérationnelles de gestion des espaces verts. En l’état actuel deux options se présentent : soit les actions et opérations menées pour la gestion des espaces verts relèvent des compétences des maires et présidents d’E.P.C.I. et alors, ils ont le choix entre prendre des arrêtés très hétérogènes mais adaptés au cas par cas ; soit les actions et opérations menées pour la gestion des espaces verts relèvent des compétences des maires et présidents d’E.P.C.I., mais alors dans le cadre général d’une réglementation nationale appropriée. C’est plutôt cette dernière option qui sera privilégiée dans SERVEUR avec la possibilité pour les élus d’intégrer les modalités d’une meilleure gestion de leurs EV dans le document d’urbanisme (P.L.U.), et de leurs donner une véritable force contraignante, en les intégrant aux servitudes d’utilités publiques existants qui touchent par exemple à l’eau, l’électricité, la publicité, l’assainissement, et le patrimoine historique.
Cette recherche débouchera sur des propositions d’actions possibles pour les décideurs locaux compétents. Les politiques en matière de trame verte et de réduction de la vulnérabilité qui se profilent conduiront à une refonte de la planification urbaine (document d’urbanisme) telle qu’elle se formalise dans un SCoT ou un PLU. Cette politique s’appuiera vraisemblablement sur les espaces verts et cherchera à maintenir ou développer leurs fonctions écosystémiques. SERVEUR se positionnera à ce niveau en matière de proposition. Ces préconisations, qui constituent une part importante de la plus-value du projet, devront satisfaire à la fois les exigences d’être à la mesure d’agglomérations moyennes en termes de faisabilité (techniques, financières, etc.), de respecter la liberté des élus quant aux types de mode de gestion choisis et d’être à la portée des services locaux (techniques et sociaux) chargés de les mettre en œuvre.